Augmenter la consommation de céréales complètes pour réduire les coûts de soins de santé, telle est la conclusion d’études scientifiques
Bien que la science et la majorité des consommateurs (90 %) reconnaissent que le pain complet est bon pour la santé, la consommation de pain complet, mais également de fibres, est encore beaucoup trop faible. C’est une cause majeure (évitable !) de la charge de morbidité et de mortalité, attribuable à l’alimentation. Une faible consommation de produits céréaliers complets figure même, en Belgique, en première position des causes liées aux habitudes alimentaires, au-dessus d’une consommation insuffisante de fruits et légumes.
Le trésor oublié
Nous savons depuis longtemps que consommer (davantage de) des céréales complètes est bénéfique pour la santé. La recherche scientifique est en constante évolution. Certains indices montrent l'importance des fibres en lien avec le cerveau et le microbiome intestinal, et la valeur nutritionnelle de la fermentation au levain ne cesse de susciter de l'intérêt.
Des chercheurs finlandais, australiens et américains ont même tenté de démontrer l'impact économique d'une consommation suffisante d’aliments à base de céréales complètes. Une diminution de la charge de morbidité se traduit en effet par une réduction des coûts de soins de santé. Pour donner un ordre d'idée :
- Des chercheurs américains ont découvert que si l'on augmentait la consommation de céréales complètes pour atteindre les niveaux recommandés, la réduction estimée des coûts médicaux directs, grâce à une diminution du risque de maladies cardiovasculaires, pourrait s’élever à environ 21,9 milliards de dollars par an.
- En Australie, les économies de soins de santé liées à la réduction du risque de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2 sont estimées respectivement à 717,4 millions AUD et 750,7 millions AUD. Simplement en augmentant la consommation de céréales complètes pour atteindre les niveaux recommandés. En ce qui concerne le cancer, et plus particulièrement le cancer du côlon, les économies potentielles s’élèvent à 405,1 millions AUD par une diminution du nombre de cas de cancer et à 37,2 millions AUD par une réduction du nombre de cas de cancer colorectal.
- Une récente étude finlandaise indique qu’une augmentation de la consommation de produits complets peut réduire de manière significative l'incidence du diabète de type 2 et les coûts associés à son traitement. Les coûts potentiels épargnés par l'inclusion de céréales complètes dans l’alimentation quotidienne s’élèvent de 300 millions à près d’un milliard d’euros.
Bien qu'aucune étude belge ne soit disponible, on peut supposer que l'augmentation de la consommation de céréales complètes réduit le coût des soins de santé (bénéfice pour la société) et améliore la qualité de vie (sur le plan individuel), sachant qu'il est prouvé que les aliments complets sont bons pour la santé, que leur consommation est trop faible en Belgique par rapport aux recommandations des lignes directrices et que la faible consommation de céréales complètes se classe au premier rang des causes de la charge de morbidité et de mortalité liées à l'alimentation.
Accorder davantage d’attention
Nous n’avons pas besoin de manger plus, il s’agit en fait de troquer les produits céréaliers raffinés pour des produits complets. 125 g de produits céréaliers complets par jour, soit l’équivalent d’environ 3 tranches de pain complet, sont déjà bénéfiques pour la santé. De plus, le pain complet est un produit de base abordable, qui s’intègre dans une alimentation saine et durable.
Outre le fait d’opter de façon plus consciente pour des produits complets sur le plan individuel, il est important d’avoir le soutien de différents acteurs. Les résultats de ces études apportent des arguments convaincants aux pouvoirs publics et décideurs politiques, afin qu’ils s’efforcent de manière sérieuse et active d'encourager la consommation de produits complets. Non seulement la société en tirerait des avantages (avec entre autres, une réduction des coûts de soins de santé et de l'absentéisme au travail), mais nous en bénéficierions aussi sur le plan personnel (avec notamment une amélioration de notre santé et qualité de vie).
Les instances de santé et les professionnels de l’alimentation pourraient, par exemple, améliorer les connaissances et renforcer la sensibilisation auprès des consommateurs et/ou clients, et les boulangers, détaillants et l’horeca pourraient élargir la gamme de pains et autres produits complets. En outre, il appartient aux pouvoirs publics et aux décideurs politiques d'accorder une plus grande attention aux produits complets, par exemple dans le cadre de la discussion sur l'algorithme du Nutri-Score.
Sources :
Conseil Supérieur de la Santé. Recommandations nutritionnelles pour la Belgique - 2016 Bruxelles : CSS ; 2016. Avis n° 9285.
Murphy, M. M., & Schmier, J. K. (2020). Cardiovascular healthcare cost savings associated with increased whole grains consumption among adults in the United States. Nutrients, 12(8), 2323.
Abdullah, M. M., Hughes, J., & Grafenauer, S. (2021). Healthcare cost savings associated with increased whole grain consumption among Australian adults. Nutrients, 13(6), 1855.
Abdullah, M. M., Hughes, J., & Grafenauer, S. (2021). Whole grain intakes are associated with healthcare cost savings following reductions in risk of colorectal cancer and total cancer mortality in Australia: A cost-of-illness model. Nutrients, 13(9), 2982.
Martikainen J, Jalkanen K, Heiskanen J, Lavikainen P, Peltonen M, Laatikainen T, Lindström J. Type 2 Diabetes-Related Health Economic Impact Associated with Increased Whole Grains Consumption among Adults in Finland. Nutrients. 2021; 13(10):3583. https://doi.org/10.3390/nu13103583
GBD 2017 Diet Collaborators. (2019). Lancet, health effects of dietary risk in 195 countries, 1990-2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study.
GfK, Kennis houding en gedrag onderzoek, mai 2023.